mercredi 7 décembre 2011

Séjour à l'hosto...version longue

Vendredi soir le 2 décembre 2011,  je me sentais patraque avec des frissons, un petit mal de gorge mais rien de vraiment inquiétant et comme je ne n’avais pas de fièvre
(il faut savoir que la première chose que l’on nous dit, répète et écrit au sujet de la chimio c’est qu’il ne faut pas dépasser les 38,3 de fièvre sinon, nous devons imaginer  les pires scénarios)  pour l’instant tout allait bien.  Samedi  c’est pas mieux, je téléphone quand même  à la pharmacienne de l’hôpital qui me demande si je fais de la fièvre (elle aussi) non je fais pas de fièvre.   Avec la médication que je prends en chimio le pic c’est justement le 7ième jour,  je suis au plus bas de mes globules blancs et c’est normal d’avoir  de la difficulté à combattre les virus. Elle me rassure en me disant de soigner le tout comme un rhume mais avant de prendre du Tylénol, il faut vérifier ma température si elle dépasse,  38 attendre 1 heure et revérifier sans prendre du Tylénol pour ne pas masquer la fièvre.  Si je dépasse 38,3 il faut me rendre à l’urgence de l’hôpital au plus vite.  Bon tout est sous contrôle, je file pas super mais au moins je fais pas de fièvre.  Le dimanche commence comme le samedi et plus la journée avance plus j’ai l’impression de faire de la fièvre.  Je fais une lecture à 37,5  c’est pas pire, il faut vous dire que j’ai deux thermomètres un au mercure et un électronique, je fais les deux tant la hantise de la fièvre est bien ancré chez moi.  En après-midi deuxième lecture  38,1 quelle horreur ça augmente,  il me faut attendre une heure pour vérifier si ça reste stable ou si ça augmente.  Mon chum en bon mari m’encourage mais il va quand même se préparer au cas ou.  À 15h30 je fais la seconde lecture et HORREUR 38,6 ça y est le pire m’arrive.
 
Donc départ pour l’urgence de l’hôpital avec le kit de survie livre, tablette, robe de chambre, un ti-kit au cas ou.  L’avantage  dans ma situation c’est que je n’ai pas à attendre plus de 2 minutes au tri car mon cas est prioritaire, je risque d’attraper toutes les cochonneries qui trainent dans la salle d’attente.  Donc 2 minutes au tri et je suis directement dans la salle d’urgence ou on me prépare la chambre de luxe qui sera stérilisée avant mon arrivée.  Petite Jaquette, masque et hop sur la civière pendant que l’équipe de grand ménage nettoie mon petit 1 pièce pas de toilette mais un magnifique siège d’aisance juste pour moi.  Je suis une des seules à avoir une porte fenêtre qui ferme avec vue sur le poste de garde.  Le petit hic c’est que mon chum ne peut rester avec moi que 5 minutes à toutes les demi-heures mais comme la consigne ne nous est pas donnée avant une grosse heure, il peut suivre l’évolution de la situation en direct.  À partir du moment ou j’ai ma chambre, j’enlève mon masque et c’est tous les autres qui viennent dans ma chambre qui doivent porter la jaquette (par-dessus bien sûr) le masque et les gants.
Mon chaton
 
Pour prendre la décision à savoir ce qu’ils vont faire de moi, il faut déterminer quel est la cause et quel sera le traitement. Des prises de sang sont faites, un test d’urine, ma pression et ma température  sont  prises à toutes les heures et mon cœur vérifié en direct sur un appareil.  Je dois aussi passer une radio des sinus et des poumons, ça c’est cool, je me fais trimbaler sur ma civière avec mon masque comme ça personne ne me reconnait et je passe en premier partout, je suis la personne qu’ils doivent  protéger.  Ils doivent aussi  déterminer la cause de mon infection car qui dit fièvre dit infection mais le plus important à savoir c’est mon taux de globules blancs donc ma capacité à combattre.  Nous sommes arrivées à l’Hôpital vers 16h et à 20h nous savions que je ne rentrerais pas à la maison ce soir car mon taux de globules blancs était à plat et qu’un traitement aux antibiotiques par intraveineuse serait nécessaire.  Je bénie la prévoyance de mon chaton qui insistait pour ne rien oublier dans le ti-kit.
 
Harnachée comme je suis dans mon petit cubicule,  j’ai juste de la place pour mon livre et ma tablette mais les infirmiers et infirmières sont super gentils.  Je fais un retour à la petite enfance, je passe la journée au lit en jaquette, tout le monde s’intéresse à mon pipi et mon caca et je dois demander à toute les fois que je désire changer la position du lit.  Je n’ai pas le choix du menu et je dois finir mon assiette au risque de me faire gronder.  La nourriture d’Hôpital tout le monde en parle mais moi je dois vous dire à leur décharge que c’est toujours très chaud, vraiment chaud, pas tiède chaud mais chaud bravo.
Ma journée `a l'Urgence sous un éclairage au néon
 
La journée du lundi commence par la nouvelle qu’habituellement le traitement aux antibiotiques est donné aux huits heures et que comme je devrais recevoir plusieurs doses, je dois rester ici encore un bon moment.   Ils attendent des nouvelles de mon chirurgien en oncologie qui doit déterminer la suite et probablement  me rapatrier sur son étage.  Ma super chambre fait l’envie des nombreuses personnes qui sont installées dans les couloirs sans aucune intimité.  Ils doivent bien se demander qu’elle est la célébrité qui a droit à tous ces égards.  Les nouvelles sont attendues en fin d’après-midi  du lundi pour la suite des choses.  Petite journée dans la brume après une nuit sans fin et enfin vers 16 h le médecin  m’annonce que je vais être transféré dans la soirée au 4ième dans une chambre d’isolement.  Je vais continuer à recevoir mon antibiotique et en plus une injection pour activer la production de mes globules blancs et une autre injection pour éviter les flébites.  Je serais curieuse de voir le résultat de mes tests d’urine.  La journée du lundi fini en beauté par mon transfert dans mon penthouse au 4ième avec vue sur le Chemin Ste-Foy et toilette privée, lavabo et beaucoup de rangement ça  je sais pas pourquoi on est toujours en jaquette.  
 
Suite à une bonne nuit de repos, perturbée seulement par un ou deux réveils dû aux traitements, je me réveille beaucoup mieux que la veille.  Mon chirurgien me fais un petit coucou et  m’annonce que l’antibiotique par intraveineuse devrait être donné encore toute la journée et demain je devrais recevoir les antibiotique par la bouche pendant une journée complète et mon taux de globules blancs devra être satisfaisant avant que je puisse repartir.  Je fais une sinusite.  Nous parlons du jeudi matin comme sortie potentielle, je me croise les doigts.  Je l’interroge pour la suite de mes traitements de chimio  vont-ils être retardés et cela risque il de se reproduire à toute les fois.  Il me rassure, quand  je vais sortir mes globules blancs seront déjà suffisants pour la chimio pas de problème de ce côté et un traitement comme j’ai reçu pour stimuler la production des globules blancs sera refait après toute mes chimio. Bon il n’y a pas de problème sans solution.
Gérard et Willie
 
Ma vie a changé du tout au tout.  J’ai un téléphone et mon chum peut venir n’importe quand  pour le temps qu’il veut  mais en portant la jaquette, le masque, les gants etc.  Avec ma tablette j’ai de la musique et des séries.  Pour éviter les flébites on me conseillait de marcher dans ma chambre, comme je trouve ça plate et inutile et que je ne peux pas faire de kata parce que mon ami Gérard ne les connait pas, il y a disco dans la chambre 3 fois par jour. Je dance avec Gérard et Willie en regardant par la fenêtre et c’est très inspirant.  Quand par hasard une infirmière arrive pour un traitement, elle trouve que j’ai l’air de bonne humeur pourquoi pas, je célèbre la vie à ma façon.
 
Mercredi matin je me réveille encore beaucoup mieux.  L’infirmière cyclope de la nuit a maintenant un visage et elle ne le fait pas exprès pour me réveiller à 4 heures du matin en me piquant.  Je la nomme le cyclope car la nuit elle ouvre la porte et pointe sa lampe de poche dans mon visage, je ne voie qu’un gros œil lumineux.  Elle est très gentille et m’explique que la nuit elle est seule et qu’elle a un client (moi) à protéger de toutes les infections et un autre qui a une cochonnerie que je n’aimerais pas avoir donc elle commence par moi pour ne pas croiser les deux.  Donc la journée commence bien, j’ai une nouvelle amie, je suis assez bien et affamée.  Pour agrémenter le déjeuner,  je verse mon lait et mon café ensemble dans mon bol de céréale pour me faire un bol de café au lait et je mange mes rôties en regardant le paysage tout blanc.  J’attends avec impatience la venue de mon chirurgien qui doit ce matin encore me faire le point sur la situation.  Comme les visites sont rares,  je l’espère  avec fébrilité.  

À 9h45 il se pointe enfin avec le plus beau des sourires pour m’annoncer que mes globules blancs sont bien remontés et que l’isolement est fini.  Il ajoute aussi que je n’ai pas de température depuis deux jours et que si je le souhaite, je peux poursuivre le traitement à la maison avec des antibiotiques en capsules.  Je crois avoir battu le record de la préparation au retour à la maison.  Premièrement téléphone à mon chum pour lui demander de venir me chercher  sinon j’ai un plan B, il peut.  Deuxièmement  trouver l’infirmière pour me séparer de Gérard mon soluté.  En attendant, je rapatrie toutes les petites choses de mon ti-kit en 2 minutes c’est fait  et j’habille le bas, bottes incluses, en attendant.  Par bonheur l’infirmière est encore une fois super gentille et me règle tous les petits tracas avant sa pause pour ne pas me retarder.  Je sais pas comment elle a fait pour savoir que j’avais hâte de partir???   Et comme dans les contes de fée dès que je sors dans le couloir pour regarder si mon chum arrive, je le voie apparaitre au bout du corridor.  Ça fait quand même 2 jours et demi que je lui ai pas vue la face, juste les yeux.  Là vous pouvez imaginer le baiser de la fin et le départ main dans la main    Fin

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